La confrérie Saint-Vincent au XIXe siècle - Première partie


Traiter en quelques pages de la confrérie Saint-Vincent de Soignies au XIXe siècle consiste essentiellement à reconstituer une image de son passage d'une société ancienne à une société moderne à partir des maigres documents que le temps a conservés. Le XIXe siècle se résume ici en une gestation de 75 années.

Après avoir connu certaines secousses sous l'empereur Joseph Il, le monde catholique belge vit le séisme de la révolution française. Avec l'annexion des Pays-Bas par la France en 1795, ce sont les lois républicaines qui régissent désormais les nouveaux départements. Entre 1795 et 1797, cet appareil législatif entre en vigueur : abolition des dîmes, instauration de l'état civil laïc et du divorce, loi sur les hospices civils, interdiction de paraître en public en costume religieux, suppression des couvents, etc. Le registre de la confrérie Saint-Vincent conservé à Mons est témoin de ces ruptures; la liste des confrères qu'il contient est interrompue de 1796 à 1802. La vie religieuse va alors renaître des  accords  conclus  en  1801  entre  le  pape   Pie  VII   et   Napoléon   Bonaparte.  La réorganisation des cultes voit la nomination de François-Joseph Hirn au siège épiscopal du nouveau diocèse de Tournai. Durant les années 1802-1803, au cours de son premier travail (la délimitation des paroisses), il promeut Jacques-Philippe Dervaux à la cure de Soignies. 

  
Des origines à la Révolution française
La fondation
Les activités pieuses
Sociabilité profane
Population confraternelle
La confrérie Saint-Vincent au XIXe siècle
Première partie
Deuxième partie
Liste des maîtres de la confrérie
De 1930 à aujourd'hui
De 1599 à 1929
Vie quotidienne
Vincentius
Règlement de la Confrérie
   

En prémices au jubilé de 1877 qui consacre les douze cents ans de la mort de saint Vincent, Monseigneur Dumont érige canoniquement la confrérie Saint-Vincent à Soignies sous le décanat de Jules-César François en 1876. En effet, semble-t-il, la confrérie n'aurait pas été restaurée canoniquement après le Concordat. A cette occasion, elle est dotée de statuts et des indulgences sont accordées à ses membres. A partir de ce moment, l'évolution de la confrérie relève de sa contemporanéité.

Un certain nombre de publications décrivent l'érection de la confrérie en ces termes : "Les documents puisés dans les archives de la paroisse et la tradition constante portent à croire que la confrérie Saint-Vincent a été érigée canoniquement dans l'ancienne collégiale de Soignies, en vertu d'une bulle de Clément VIII, en date du 14 mai 1599. Des statuts furent donnés à cette confrérie par Monseigneur Guillaume de Berghes, Archevêque de Cambray, le 2 mai 1606. Ces statuts sont consignés dans un registre, qui porte la date du 25juin 1739. Mais on ne possède plus ni la bulle d'institution, ni l'approbation authentique de Monseigneur de Cambray. Un inventaire des papiers de la Confrérie dressé en 1802, fait mention d'une bulle qui se trouvait dans le coffre aux archives. Le 3 juin 1876, Monseigneur Edmond Joseph Dumont, Evêque de Tournay, après avoir approuvé les nouveaux statuts présentés à Sa Grandeur par M. Jules-César François, curé-doyen de la paroisse, érigea canoniquement, dans l'église paroissiale de Saint-Vincent à Soignies, une confrérie sous le titre et l'invocation de saint Vincent, patron de la ville. Sa Sainteté Pie IX, par un indult, en date du 19 mai 1876, accorde aux membres de la dite confrérie, plusieurs indulgences plénières, et à tous les fidèles qui feront, le lundi de la Pentecôte, le pèlerinage, connu sous le nom de Tour de Saint-Vincent, une indulgence plénière ".

Le 9 novembre 1802, à la demande de Jacques Vincent Bouilliart, maître de la confrérie, Lambert Laveine et Jean-François Demeuldre, confrères, se transportent chez Joseph Bidez afin d'y reprendre le coffre contenant les papiers de leur association pieuse. Un inventaire est ensuite dressé en présence du maître et du confrère Jean-Baptiste Desmette. Il y est fait état, outre la bulle pontificale et sa ratification par l'archevêque de Cambrai, de quatre copies authentiques de rentes, d'une farde de pièces justificatives, de cinq comptes anciens, du livre de compte actuel, d'une consulte d'avocat, de la copie d'un placet présenté au Chapitre, d'un livre de résolution et du livre des statuts. Avec les comptes et les quittances, le livre des statuts est seul conservé à Mons; il porte la date du 25 juin 1739. Aux côtés de ce règlement, il existe une liste des membres de la fin du XVIIIe siècle au début du XIXe siècle, une copie des indulgences accordées par l'Evêque de Tournai en 1832 et des extraits des procès-verbaux d'assemblées relatifs à la réception des confrères de 1770 à 1832.

Ce sont ces statuts qui régissent la confrérie jusqu'à 1876. Le 14 juillet 1836, le maître et connétable ainsi que les anciens confrères confirment vouloir maintenir à toujours Z'ensient règlement sans y apporter aucune involiacions.

Avant de remplir des obligations envers l'association pieuse et de bénéficier de ses avantages spirituels, tout confrère doit être reçu en son sein. Le maître et les anciens confrères n'acceptent parmi eux que des personnes de bonne vie et bien famées et ce au cours d'une assemblée ordinaire et à pluralité des deux tiers des voix des membres. Un droit d'entrée de quatre florins est alors imputé au nouveau confrère.

Les extraits des procès-verbaux d'assemblées, relatifs à la réception des confrères, de 1802 à1832, apportent un complément d'informations. Au cours de ces trente années, la société enregistre 88 admissions lors des assemblées de mai (Pentecôte) et de juillet (fête patronale). Il y a néanmoins deux exceptions. En 1802, année de reprise des activités, 19 membres sont accueillis au cours de trois réunions au mois de novembre. En 1812, l'assemblée se tient au mois d'octobre (2e translation). Lors de son entrée, le nouveau membre fait promesse d'observer les statuts et résolutions et s'oblige sur sa personne et ses biens. En 1824, le droit d'entrée s'élève à 6 livres, soit 1 couronne.

Ces extraits de procès-verbaux mentionnent 23 professions, dont 19 de 1802 à 1804. Ce sont 7 fermiers, 5 prêtres dont les doyens Dervaux et de Saint Moulin et un chanoine, 3 hommes de loi dont le maire de Soignies PJ. Plétain, 3 marchands, 2 écrivains, 1 maître de carrière, 1 aubergiste et 1 maçon. Cinq enfants sont également admis. Deux en 1802, Vincent Théodore Bouillart, 4 ans et Vincent Raoult, 13 ans; en 1813, Pierre-Joseph Laveine, 4 ans et en 1823, François de Paule Dupont, 3,5 ans et Pierre-Joseph Wincqz, 12 ans. Ils sont tous fils de confrères qui s'obligent pour eux jusqu'à leurs 18 ans. Par ailleurs, les deux premiers garçons sont respectivement le petit-fils de Jean-Baptiste Desmette et le fils de Jean-Baptiste Raoult qui ont sauvé et caché le corps et le chef de saint Vincent, de 1799 à 1802. Cette dernière considération fait apparaître une autre constatation : la présence des familles au sein de la confrérie, tant dans le temps que ponctuellement.

De 1802 à 1832, dans les admissions, sont représentées par deux occurrences les familles Bidet, Bouillart, Denis, Lechien, Meurs, Michel, Pourbaix et Stievenart; par trois occurrences, les familles Antoine, Cuvelier, Desmette (apparentée à celle des Bouillart), Dupont et Rombaut; par quatre occurrences, la famille Laveine et par cinq occurrences, les familles Botte et François. Au bas de la résolution du 16 juillet 1837, les familles Desmette et Remy représentent chacune deux signatures et les familles Botte, François et Laveine, quatre signatures.

En 1830, le compte rendu de réception des confrères mentionne deux personnes qui n'ont pas encore payé leurs amendes pour 1829. En 1823, Vincent Raoult, admis en 1802, se représente pour être réintégré au rang où il était. Il n'est noté aucun cas d'exclusion, ni de sortie (pour décès ou volontairement).

Selon la dernière modification des statuts en 1739, trois personnes exercent des responsabilités au sein de la confrérie Saint-Vincent. Le valet fait office de messager. Les amendes sont passées au plus offrant qui est chargé de les percevoir; elles servent à célébrer la messe des trépassés et à pourvoir aux nécessités de l'association; l'obtenteur doit fournir une quittance chaque année. Enfin le maître-connétable convoque les assemblées, tient les comptes et les rend le lendemain de la Saint-Vincent.

Unis par un sentiment d'entraide mutuelle, les membres de la confrérie doivent dès lors respecter statutairement certains devoirs. Tout d'abord, chaque confrère est tenu de participer à quatre processions : le jour de l'Ascension, le lundi de Pentecôte, le jour de la fête de saint Vincent (le 14 juillet) et le dimanche suivant, à savoir la solennité de saint Vincent.

La veille de la Pentecôte, les jeunes confrères, non encore parvenus a la maîtrise annuelle, accompagnent le maître afin de raccommoder les chemins de la procession. Le lundi, avant le tour, les confrères assistent à une messe basse, dite messe des confrères, et vont à l'offrande. Le lendemain, ils font de même à un office solennel chanté au maître-autel de l'église paroissiale. Ils sont également tenus d'assister à une cérémonie identique le 25 septembre, jour de la première translation des reliques de saint Vincent.

La veille du jour de la Saint-Vincent, après avoir assisté aux vêpres, les confrères raccompagnent le maître à son domicile. Le 14 juillet, c'est de chez lui aussi qu'ils se rendent en corps à la messe solennelle après matines, avant d'assister à la procession. Le lendemain, tous se réunissent pour écouter l'obit chanté pour l'âme des confrères trépassés.
 

   
Des origines à la révolution Française : population confraternelle
La confrérie Saint-Vincent au XIXe siècle - Deuxième partie
  
 
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