La vallée de la Caffenière
Toponymie

Les modifications apportées au site que traversent ensuite les pèlerins expliquent peut-être la manifeste perturbation d'itinéraire dont nous venons de souligner l'indice.
Il s'agit en effet maintenant de traverser le rî de la Gage, ou rî du Bouret ou rî des Prés Canones ou il de la Caffenière ou rî Becqueron.
L'hydronyme Bouret a servi à désigner le rieu de la Gage. Mais seulement, semble-t-il, sur le territoire de Braine-le-Comte. Le toponyme "Caffenière" est plus mystérieux. Amé DEMEULDRE suggère, avec peu de conviction, une "cava foenaria", prairie basse. Mais il pense aussi à "cavinière", chemin bas, malaisé à descendre. Le mot Becqueron est un toponyme que l'on rencontre en d'autres endroits. Il désigne notamment un petit affluent de l'Obrecheuil, un peu en aval de l'ancienne abbaye de Saint--Denis. A Soignies, le terme est attesté à partir de la fin du 16e siècle. Il ne désigne peut-être qu'un petit affluent de la Gage et non la Gage elle-même.

La maison de la Gage

Le site où le Grand Tour rencontre le ruisseau de la Caffenière a connu, durant ces quinze dernières années, de grands bouleversements. Il y a moins de vingt ans, on y voyait encore une grande exploitation agricole au fond d'un vallon que traversait, sans s'y attarder, un modeste affluent de droite de la Senne.
Cette ferme est attestée dans les archives dès le 15e siècle. Elle est décrite de la manière suivante dans un document de 1434 : "maison qu'on dit de la gage, la grange, les estaulles, le coullembier, le gardin et toute l'entrepresure ainsi qu'elle s'estend qui peut contenir parmi les paturaiges en dehors du dit gardin alant vers la fontaine à la caffenière, un bonnier ou environ (soit approximativement un hectare), tenant au rieu qui vient du vivier de la gage". Cette ferme est également appelée "maison des yauwes" (maison des eaux) à la fin du même siècle.

Cavalier portant le drapeau de la confrérie Saint-Vincent, à la tête des pélerins du Grand Tour portant les diverses châsses de Soignies. Site de la Cinse Bottri (en face de l'actuel étang de la Cafenière). Collection privée.

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Plan intéractif
Introduction
Le Tour commence au faubourg d'Enghien
Le monnument des reliques et la descente de la chasse
Au moment de quitter la collégiale
De la Grand-Place à la Senne
Le pont batteresse
Ancienne porte d'Enghien
Le Faubourg
La cense del Baille
Première chapelle et point de départ du Tour
Autour de la "Maladrée"
Biamont
La guélenne
Le chemin Saint-Landry
La chapelle du Bon Dieu de Gembloux à la chaussée de Braine
Le Marais Tilleriaux, chapelle et panégyrique
Sentier Cuvelotte
La vallée de la Caffenière
La chapelle Neunez
La chapelle de "Jésus garotté"
Chapelle Pipi Botte
Chapelle du Perlonjour
Les saudarts del Pint'coût'
Soignies-Carrières
La paroisse de l'Immaculée-Conception
Chapelle de l'école primaire des Soeurs Franciscaines
Carrefour du Trente Juillet
Dans le secteur de la chapelle Bergeret
La chapelle Bottemanne
Le château Wincqz
Les Trois Planches
Chapelle des Carmes
Le secteur le plus bouleversé de l'itinéraire du Grand Tour
Le Nouveau Monde
Moulin et chemin de Neufvilles
Chapelle André
Chapelle Ferbus
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Ainsi se dessine tout l'aspect ancien du site.
Il s'y trouvait d'abord un vivier, dit "vivier de la Gage". Il est probable que l'étang communal qu'a créé l'administration communale de la ville de Soignies a repris, sans le savoir, une forme très proche de celle du vivier disparu vers la fin du 15e siècle.
Le toponyme "Gage", que l'on retrouve notamment à Neufvllles (ou le ruisseau Gageole prend sa source) vient de l'ancien français "gascel" ou "gaschei" et désigne originellement une prairie envahie par l'eau, une sorte de marais. Du fait, sans doute, de l'aménagement systématique des lieux désignés par ce mot, le toponyme a fini par désigner une prairie de fond de vallée drainée par des fossés soigneusement entretenus, un pré en quelque sorte.
Le toponyme "Gage" semble attesté à Soignies dès 1180.

Les moulins à barrage, du type de celui qui existait sur ce site et qui explique l'existence d'un vivier, représentaient une forme archaïque de mise en valeur de l'énergie hydraulique. ils résistaient mal aux intempéries et aux inondations. Ils devaient par ailleurs être assez lourds à "diriger". Enfin, un vivier placé directement dans le débouché d'un cours d'eau ne pouvait que provoquer l'accumulation des alluvions.
Ce fut sans doute le cas au vivier de la Gage. Nécessitant des "curages" que son exploitant ne pouvait mener à bien, le vivier se remplit progressivement d'alluvions, perdant ainsi une bonne part de sa capacité et résistant de plus en plus mal aux inondations.
On abandonnera d'abord le moulin. On supprimera ensuite le vivier que l'on transformera tout naturellement en pré. C'est chose faite dès 1548.

On retrouve ainsi à la Caffenière une structure assez semblable à celle que nous avions rencontrée à Biamont. Ici comme à Biamont, l'eau de la rivière (non la Senne dans ce cas mais un ruisseau plus modeste) est retenue par un barrage. Ici comme à Biamont, on voit tourner (même si ce n'est que jusqu'au 15e siècle) un moulin actionné par l'énergie que fournit l'eau du cours d'eau.

On peut dès lors penser que le franchissement de la rivière s'effectuait à la Caffenière comme à Biamont … c'est-à-dire sur la levée de terre du barrage pour les simples pèlerins (qui évitaient ainsi de se mouiller les pieds dans la rivière); à travers le gué de la "basse-rivière", en aval du moulin, pour les porteurs de la châsse.

Ici comme à Biamont, une chapelle attend les pèlerins qui viennent de franchir le fond de la vallée.

Après avoir traversé la Gage, le pèlerin quitte, mais pour quelques instants seulement, le fond de la vallée. Ici, comme le long de la Senne à Biamont, nous trouvons les traces d'une vie intense polarisée dès le moyen âge par la rivière. Cette vie est principalement reflétée par les documents médiévaux. Un certain assoupissement semble se marquer à la période moderne.
La richesse toponymique qui se manifeste dans ce secteur est la preuve et le signe de sa complexité et de son ancienneté. Cette dernière apparaît notamment dans le caractère mystérieux des noms qu'on y rencontre.

Hameau de la Caffenière

Le chemin du Tour rencontre ici un flot d'habitations construites sur la partie supérieure du versant. Ces maisons, d'allure relativement modeste, dominent le site de l'ancienne ferme de la Gage. Vers 1770, la carte de Ferraris n'en montre aucune. Le plan parcellaire de Popp, établi vers 1860, en signale par contre un certain nombre.
Nous ne nous trouvons sans doute pas ici sur le site ancien du "Hameau de la Caffenière".
Le nom traditionnel du chemin que nous venons d'atteindre est en effet "chemin des Mottes". Il conduit, à partir du chemin de Nivelles, vers plusieurs fermes du bassin supérieur du petit "rieu de la Gage". Actuellement, plusieurs de ces fermes sont situées sur le territoire de Braine-le-Comte.
Le toponyme ancien était "chemin de la Motte".
Ce terme renvoie très probablement à une motte médiévale qui devait former le pôle d'une ancienne et modeste seigneurie. Tout porte à croire que cette motte se trouvait dans le cadre ou à proximité immédiate de la ferme dite justement aujourd'hui "ferme de la Motte"

   
Le sentier cuvelotte
La chapelle Neunez
  
 
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