Le secteur le plus bouleversé de l'itinéraire du Grand Tour
Lorsqu'ils atteignent la chaussée du Roeulx, les pèlerins pénètrent dans un nouveau secteur profondément bouleversé sur le plan du réseau viaire depuis deux siècles.
Il faut, en effet, remonter au 18e siècle pour percevoir les origines des mutations en cause.
La chaussée du Roeulx (dite communément "pavé d'Houdé") fut tracée en 1776. Elle vint couper l'ancien itinéraire du Tour à peu de distance de son point de jonction avec la chaussée de Mons. La construction de cette dernière remonte quant à elle à l'année 1704 (et suivantes). La création du chemin de fer en 1841 et la construction d'un viaduc, permettant dès 1936 aux chaussées de franchir la voie ferrée, achevèrent de disloquer l'ancien itinéraire dans ce secteur.

  


  
  
  
Avant et après la création de la chaussée du Roeulx

  
  
Plan intéractif
Introduction
Le Tour commence au faubourg d'Enghien
Le monnument des reliques et la descente de la chasse
Au moment de quitter la collégiale
De la Grand-Place à la Senne
Le pont batteresse
Ancienne porte d'Enghien
Le Faubourg
La cense del Baille
Première chapelle et point de départ du Tour
Autour de la "Maladrée"
Biamont
La guélenne
Le chemin Saint-Landry
La chapelle du Bon Dieu de Gembloux à la chaussée de Braine
Le Marais Tilleriaux, chapelle et panégyrique
Sentier Cuvelotte
La vallée de la Caffenière
La chapelle Neunez
La chapelle de "Jésus garotté"
Chapelle Pipi Botte
Chapelle du Perlonjour
Les saudarts del Pint'coût'
Soignies-Carrières
La paroisse de l'Immaculée-Conception
Chapelle de l'école primaire des Soeurs Franciscaines
Carrefour du Trente Juillet
Dans le secteur de la chapelle Bergeret
La chapelle Bottemanne
Le château Wincqz
Les Trois Planches
Chapelle des Carmes
Le secteur le plus bouleversé de l'itinéraire du Grand Tour
Le Nouveau Monde
Moulin et chemin de Neufvilles
Chapelle André
Chapelle Ferbus
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Jusqu'en 1776, le Tour Saint-Vincent rencontrait la chaussée de Mons dans le simple prolongement de l'actuelle rue des Trois-Planches. Il passait donc directement de cette rue à la rue Prévôt, sans changer de direction. Il traversait ensuite la chaussée et retrouvait, dans l'alignement, le "chemin Vert" ou "chemin des Germes" (actuelle rue des Archers). Il l'abandonnait bientôt et bifurquait brusquement à droite pour rejoindre un tronçon actuellement appelé, au-delà de la voie ferrée, chemin du Tour-Petit-Château.

Après 1776, il semble que l'on ait condamné comme voie carrossable le tronçon (actuelle rue Prévôt) du chemin des
Trois Planches situé entre les deux chaussées. Ce tronçon permettait en effet d'éviter trop facilement leur point de convergence. Il s'agissait, par l'interdiction d'utiliser le chemin correspondant à l'actuelle rue Prévôt, d'obliger les voituriers à se soumettre au contrôle installé au lieu-dit "Borain" ou "bascule du Borain". Ce point, situé au "confluent" des deux chaussées, était le lieu où se percevaient la taxe d'utilisation des chaussées et les amendes en cas de surcharge.

Au 19e siècle, le prolongement de la rue des Trois Planches (actuelle rue Prévôt) n'est pas repris sur le plan parcellaire de Popp. Il ne sera réinstauré qu'après la suppression des barrières, voire après la construction du viaduc au-dessus de la voie ferrée.
Cette "réapparition" indique la très probable persistance d'une certaine structure utilisable sur le terrain, et ce malgré le silence de la carte. Il semble bien qu'après 1776, le Tour continuait à emprunter l'ancienne assiette du chemin, ne serait-ce qu'en suivant les limites inscrites dans le parcellaire, négligeant ainsi les nouvelles chaussées.



Création de la Voie ferrée en 1841 et du viaduc en 1936

Après 1841, suite à la construction de la voie ferrée, un nouvel obstacle surgit sur l'itinéraire des pèlerins à hauteur du chemin du "Tour Petit--Château". L'existence d'une maison de garde à cet endroit reste le signe manifeste qu'on y avait installé un passage à niveau et que, dès lors, le pèlerinage pouvait continuer à s'effectuer en respectant son itinéraire traditionnel. Il est toujours possible aujourd'hui de recueillir des témoignages qui confirment que le Tour passait bien par ce point jusqu'au moment de la seconde guerre mondiale.

Le grand changement devait intervenir après 1936.
Du fait de la construction du viaduc et du réaménagement des alentours de la gare et de la ligne Mons-Bruxeiles, le passage à niveau de la rue du Tour Petit-Château devenait théoriquement inutile.
Dans la perspective d'une suppression de ce passage, une enquête de commodo-incommodo fut ouverte à ce moment. L'abbé Scarmure, alors doyen de Soignies, fit valoir la tradition séculaire du passage du Tour à cet endroit. Cet argument fut le seul à être accepté pour le maintien du passage à niveau dans ce secteur. Pendant quelques années, jusqu'à la seconde guerre mondiale, le Tour négligea le moderne viaduc pour passer par l'ancien itinéraire. Les pèlerins continuèrent à utiliser le passage à niveau qui assurait la liaison entre la rue des Archers et la rue du Tour- Petit-Château.
il fallut l'établissement de la rue du Viaduc (entre le passage à niveau de la chaussée de Mons et celui de la rue du Tour Petit-Château) pour que l'itinéraire actuellement utilisé puisse se dessiner de manière complète.
Remarquons, avant d'abandonner définitivement l'analyse de l'ancien itinéraire en usage dans ce secteur bouleversé, qu'on y trouvait l'un des rares changements de direction observables sur l'ensemble du circuit. Au carrefour de l'ancien chemin vert et du chemin du Tour Petit-Château se rejoignaient deux chemins à longue portée. Les pèlerins y rencontraient un changement d'orientation de 90° vers la droite.
La carte de Ferraris atteste l'existence d'une chapelle du Tour à ce croisement. On en a perdu toute trace aujourd'hui. C'est sans doute à hauteur du passage à niveau mentionné ci-dessus que le Tour rencontrait, avant la construction de la chaussée en 1704, le vieux "Grand Chemin de Mons à Bruxelles".
 
L'itinéraire actuel


Aujourd'hui, au sortir de la rue des Trois Planches, les pèlerins parcourent un itinéraire particulièrement chaotique. Ils tournent d'abord à droite pour rejoindre, par la chaussée du Roeulx, le point où celle-ci s'embranche sur la chaussée de Mons.
Ce secteur a largement perdu de son importance depuis qu'il a été coupé du reste de la ville par la ligne Mons-Bruxelles et surtout depuis la construction du viaduc. Auparavant, c'était l'endroit le plus fréquenté sans doute de toute l'agglomération sonégienne. On comprendra que l'on ait voulu, à la fin du 19e siècle, y construire plusieurs immeubles considérables et des bureaux commerciaux à l'usage des carrières. La proximité de la gare et les facilités d'accès justifiaient amplement ce développement.
Après la construction du viaduc, la traversée du chemin de fer ne se fit plus par passage a niveau. Par la même occasion, le court tronçon de route compris entre la voie ferrée et l'embranchement des deux chaussées devenait absolument inutile. Il est resté depuis cette époque dans l'état même où il se trouvait avant 1936. De cette manière se conserve, sous la forme d'une archéologie routière, un témoignage concret qui permet d'évoquer l'ancien aspect de la voirie. Un demi-siècle de bouleversement des moyens d'aménagement et d'amélioration des voiries n'a pas eu prise sur ce tronçon "oublié".

D'ici, le pèlerin aperçoit la perspective de la rue de la Station et peut prendre conscience de la continuité entre elle et la chaussée de Mons. Ici se trouvait le lieu-dit "Le Borain". L'allure des maisons s'explique par le fait qu'elles côtoyaient autrefois l'importante chaussée de Mons à Bruxelles.
C'est "au Borain" que s'effectuait le contrôle mentionné ci-dessus. Une grande "bascule" permettait de peser les chariots et d'infliger des "procès-verbaux" à ceux qui, du fait de la surcharge de leur véhicule, risquaient d'altérer la voie qu'ils empruntaient.
Débouchant de la chaussée du Roeulx et tournant vers la gauche, le pèlerin se retrouve sur le tracé originel de la chaussée de Mons à Bruxelles (1704). De cette manière, il se trouve exactement dans le prolongement de la rue de la Station.
La chaussée de Mons à Bruxelles remplaça l'ancien "Grand Chemin de Mons" et est considérée comme la première chaussée moderne construite entre deux villes dans l'espace belge. Cette initiative remonte à 1704 et eut pour effet de joindre le chef-lieu du comté de Hainaut au chef-lieu du duché de Brabant.

La création de cette route devait avoir des effets
extraordinaires sur le commerce des Pays-Bas (Espagnols, puis Autrichiens) d'une part, sur les industries d'extraction du charbon et de la pierre bleue de l'autre.

Par la construction de cette chaussée, les carrières de Soignies se retrouvaient à quelques centaines de mètres seulement d'un axe d'importance majeure, axe qui leur permettait d'atteindre à coup sûr (et à coût sûr) des marchés aussi importants que Bruxelles et Mons. Au-delà, c'est l'accès à Anvers et aux Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) et à la France qui se trouvait largement facilité.
  
Bifurquant de nouveau, mais cette fois à droite, le pèlerin quitte la "vieille chaussée" pour franchir le viaduc, il passe ainsi au-dessus de l'importante ligne Mons-Bruxelles. Le rôle économique joué par cette dernière à partir de 1841 ne fut pas moins important que celui joué par la chaussée à partir de 1704.

Nouveau changement de direction à une centaine de mètres de là. Le pèlerin tourne cette fois vers la gauche et pénètre dans la rue du Viaduc. L'alignement des maisons qui bordent le premier tronçon de celle-ci (côté droit en descendant vers la rue du Tour-Petit-Château) correspond selon toute
apparence à l'ancien tracé du "Grand Chemin de Mons à Bruxelles". Cette rue de création récente nous ramène sur l'assiette de l'ancien chemin du Tour.
   
Chapelle des Carmes
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